Kumily et le parc national de Periyar
Periyar, pas grand chose à voir ... m'avaient dit pas mal d'étrangers rencontrés les jours précédents, tous déçus de cette étape. Mais bon, j'ai tout de même choisi la facilité.. un bus direct pour Periyar depuis Koddaikanal...
Quelques heures de bus à travers de superbes paysages (rizières, plantations de thé, forêts luxuriantes...) m'ont donc permis de rejoindre le village de Kumily, porte d'entrée du parc naturel de Periyar. Partout dans le village, des boutiques de thé, d'épices, de noix de cajou et d'huiles ayurvédiques, et aussi de bonnes odeurs de cardamome par endroits (plusieurs dizaines de tonnes y sont vendues chaque semaine).
Aujourd'hui je suis allée me balader dans les plantations de thé, papoter avec les travailleuses (qui sont payées moins d'un euro par jour pour 7 a 8 heures passées à cueillir les feuilles) et découvrir le long processus de fabrication de thé dans une usine.
Puis j'ai essayé d'aller visiter une plantation d'épices et d'herbes ayurvédiques. Mais le bus ne m'a pas laissée là où je voulais... Un peu perdue au bord de la route, j'ai rencontré 2 jeunes qui m'ont emmenée dans leur propriété; j'ai ainsi pu voir différents plants de café, de thé, de cardamome, de tapioca, de vanille, et un tas d'arbres fruitiers (bananes, cocos, oranges, citrons, jackfruit...). Nous sommes allés rendre visite à un vieil homme qui faisait sécher la cardamome de manière très artisanale (feu de bois au rez-de-chaussée, et graines étalées sur le sol à l'étage). Quelle odeur délicieuse !! La famille de ces jeunes était charmante. La mère était toute fière de me montrer son Christmas tree (dans le sud de l'Inde les crèches pour Noël sont faites dans le jardin, sous un arbre), de me faire goûter le café de son jardin (moi qui n'aime pas ça, je l'ai même trouvé bon) et de m'offrir bananes, raisins et Christmas cake.
De retour à Kumily, je suis allée assister à une représentation de danses kathakali, typiques du Kerala. En fait c'était très pédagogique : la troupe montrait et expliquait tous les dessous de cette danse : maquillages, costumes, entraînement des danseurs, rituels, trame de l'histoire dansée. Les spectateurs connaissent déjà les histoires tirées des épopées hindoues. Et tout repose en fait sur les expressions du visage, les jeux du regard, les positions des doigts et des mains. Plus que de la danse, ça ressemble parfois à du mime... Cette danse est vraiment très codifiée, et les Indiens savent exactement reconnaître les mimiques et les gestuelles [d'ailleurs dans la vie quotidienne, les gens s'expriment aussi beaucoup avec les gestes et les mains... Quand je pose des questions, il n'est pas rare que l'on me réponde sans paroles, juste par un mouvement de mains... Pour me demander ce que je fais là, en Inde, toute seule (question fréquente), certains font juste un mouvement avec les doigts... J'ai encore bien du mal à interpréter tous ces gestes des doigts ou manières de bouger la tête]. On croit que les danseurs portent un masque, mais en fait tout n'est que maquillage, à base de pigments naturels et d'huile de coco, et cette préparation dure des heures. Les costumes sont très lourds (souvent environ 40 kg pour les déguisements des hommes et 20 kg pour ceux des femmes). Et aucune femme ne fait partie des troupes de danseurs kathakali. Très souvent ces représentations (qui ont une forte connotation religieuse) se déroulent toute la nuit dans les temples hindouistes. Cette petite troupe de danseurs et de musiciens m'a invitée à aller assister dans quelques jours à une représentation dans un temple non loin de ma prochaine étape (quand même 3 - 4 heures de trajet en bateau et bus)... A voir...
En sortant du spectacle, je suis tombée sur des concerts au "Festival des Epices" qui se tient ces jours-ci. C'était très marrant de voir qu'ici, quand la musique invitait à la danse, seuls les hommes - par petits groupes - commençaient à se déchaîner ! Je n'ai vu aucune femme danser !